Scène 4
Le Grand Maharajah entre et claque des mains, tous les jeunes hommes se précipitent autour de lui…
Le Grand Maharajah : L’aube du grand jour se lève…. Approchez jeunes
gens et écoutez bien cette énigme, mes sbires
vont vous distribuer de quoi écrire votre réponse
les 10 premiers qui répondront correctement à
l’épreuve pourront prouver leur courage.
Vous êtes prêts? Un prisonnier est enfermé dans
une geôle du Palais, comme j’ai un doute sur sa
culpabilité, je souhaite lui donner une chance de
vivre… Dans sa cellule, il y a deux portes gardées
par deux eunuques, l’une de ces portes donne sur
la salle de supplices et mène à la mort, l’autre
s’ouvre sur un grand escalier qui mène à sa
liberté. L’un des eunuques dit toujours la vérité,
l’autre ment systématiquement.
Quelle seule et unique question le prisonnier doit-
il poser à un seul des deux eunuques pour être
certain de passer par la bonne porte.
Je vous laisse chercher…. Je retourne dans mes
appartements vous donnerez vos réponses à Ali
qui me les portera.
Rashid : Shéhérazade je crois avoir déjà trouvé la réponse, mais
j’aimerais que tu me dise ce que tu en penses.
Shéhérazade : Tu dois te débrouiller tout seul, je ne peux pas t’aider.
Ecris ta réponse et vient je vais te raconter une autre
histoire pour patienter jusqu’à la deuxième épreuve.
Musique…
Scène 5
Shéhérazade : Il était une fois trois princesses, trois sœurs,
Fatima et Nadia et Djamila. Fatima l’ainée, était douce et
érudite, passionnée d’art et de littérature et s’intéressait
aux sciences. Tous les sujets de son père disaient
qu’elle était la tête du royaume et qu’elle était toujours de
bon conseil; aussi son père ne prenait-il jamais de
décision importante sans la consulter.
Nadia était la plus jeune et la plus gâtée ce qui faisait
d’elle une petite peste prétentieuse et capricieuse.
Djamila prise entre ces deux sœurs remarquables, était
effacée et mélancolique, elle errait dans le palais en
soupirant d’ennui essayant d’éviter le plus possible Nadia
qui n’avait de cesse de lui faire des farces de mauvais
goût et la faisait accuser de ses frasques chaque fois
qu’elle le pouvait.
Rashid : Pauvre Djamila son sort est bien triste!
Shéhérazade : C’est ce que pensait Fatima. Elle s’inquiétait beaucoup
pour sa sœur et cherchait un moyen de lui rendre le
sourire.
Fatima : Nadia je viens te parler de Djamila, elle ne mange plus rien, ne
dort pas, erre dans le palais, son regard est vide, plus rien ne
semble l’intéresser, elle est pâle et fragile et j’ai peur que cette
mélancolie n’est raison de sa raison.
Nadia : N’est raison de sa raison, très drôle…. Mais que veux tu que j’y
fasse, elle n’a jamais été très rigolote je l’ai toujours vue pleurer
sur son sort et ne s’amuser de rien! J’ai bien essayé mille fois de
la faire rire et de l’associer à mes jeux mais elle me déteste et ne
veut jamais me voir.
Fatima : Je ne crois pas qu’elle te déteste, mais peut-être que tes farces
et ta tendance à la faire accuser à ta place la mène à t’éviter.
Nadia : Ah voilà! C’est de ma faute si elle est incapable de profiter du
moindre plaisir et qu’elle préfère rester dans son coin!
Fatima : Je ne t’accuse de rien, je cherche un moyen de venir en aide à
Djamila. Toi qui a souvent des idées saugrenues, que pourrions
nous faire pour que notre sœur reprenne gout à la vie.
Nadia : La mettre en danger de mort, lui faire vraiment peur pour qu’elle
se rende compte qu’elle tient à la vie plus qu’elle ne le croit.
Fatima : Ton idée est dangereuse. Non, j’attends de toi une idée
amusante, inventive, que tu mette à profit ton esprit espiègle et
drôle.
Nadia : Je ne sais pas et je n’ai pas envie d’être responsable du bien
être de Djamila, j’ai déjà assez à faire avec le mien!
Fatima : Ton égoïsme est sans limite, tu ne penses qu’à toi et à ton
plaisir!
Nadia : Oui et alors, je suis comme ça et puis de toutes façons je suis
sure que rien de ce que nous ferions ne suffirait à rendre le
sourire à Djamila.
Djamila : Vous avez prononcé mon nom ? Vous parliez de moi, sans
doute, Nadia, as-tu quelque nouveau reproche à me faire, ou
m’accuses-tu de tes derniers méfaits…
Fatima : Mais non, Djamila, nous cherchions une idée pour te faire
plaisir, pour te changer les idées. Est-ce que quelque chose te
ferait plaisir ?
Djamila : La seule chose qui me ferait plaisir c’est que vous m’ignoriez!
Fatima tu as bien à faire avec la politique et Nadia a surement
un cours de danse, un massage, un bain ou une fête qui
l’attend.
Nadia : Tu vois qu’est-ce que je t’avais dit elle ne veut pas de notre aide
ou de notre compassion. Tu as vu comme elle me méprise,
quand elle parle de mes occupations elle a ce petit air
ironique….
Fatima : Arrêtez ! Déjà vous pourriez vous parler au lieu de passer par
moi. Djamila, tu es de plus en plus pâle, tu ne manges rien
depuis plusieurs jours, tu ne dors plus, tu es toujours triste et
seule, nous voulons t’aider.
Nadia : Si tu voulais mourir, tu ne t’y prendrais pas autrement, mais moi
je te trouve jolie comme ça blanche et transparente on dirait une
fée……
Djamila : C’est ça je suis une fée et je ne veux pas de votre aide, et je
vais vous confier un secret si vous me promettez de ne rien
faire ni dire qui pourrait m’empêcher de réaliser mon dessein.
Fatima : Si tu as un dessein, rien ne peut nous faire plus plaisir, non
seulement, nous ne t’empêcherons pas de réaliser ton projet,
mais nous t’y aiderons.
Nadia : Promis, je ne dirais rien! Raconte !
Djamila : Je ne sais pas si je peux vous faire confiance.
Fatima : Je te donne ma parole et me porte garant de celle de notre
petite sœur.
Djamila : Mes sœurs, je vais vous dire adieu, demain à l’aube je partirai
et ne reviendrai pas.
Fatima : Tu ne peux pas faire ça! Où iras-tu? Que vas dire notre père?
Son chagrin sera immense…..
Djamila : Notre père pense à me marier et ne souffrira pas de mon
absence, il passe des semaines entières sans me croiser
même du regard et se soucie peu de ce que je fais, il ne se
rendra pas compte de mon départ avant des semaines…
Nadia : Elle a raison, tout le monde s’en moque on ne verra pas la
différence, et si elle devait se marier elle devrait partir de toutes
façons. Il faut organiser ta fuite ça c’est rigolo… j’ai lu une
histoire, dans laquelle il y a un enlèvement on pourrait te faire
enlever.. Je sens que je vais adorer ça!
Fatima : Et ma peine tu y as pensé, tu vas beaucoup me manquer et tu
ne m’as pas répondu, où iras-tu?
Djamila : Je quitte notre pays et je vais en Europe rejoindre un groupe de
femmes de tous les pays, des femmes qui disent que nous
avons des droits et que nous pouvons choisir nos vies.
Fatima : Ici aussi tu as des droits, c’est moi qui fait les lois et je suis une
femme, notre père m’écoute et nous avons changé beaucoup
de choses pour les femmes dans tout le royaume.
Djamila : C’est facile pour une fille de roi, adorée de son père, mais moi
qui n’ai jamais eu ses faveurs et qui ai passé mon temps avec
les servantes et les esclaves je sais qu’ici rien n’est possible
pour une femme que de prendre l’époux que son père lui aura
choisi, de lui faire des enfants et de lui obéir.
Fatima : Reste ici et tu m’aideras à faire changer la condition des
femmes, je m’y engage!
Nadia : Laisse la partir ! Je croyais que tu voulais son bonheur ! Alors
c’est qui l’égoïste ? Tu voulais son bonheur à condition qu’il
n’empêche pas le tien ! Tu vois tu donnes toujours des leçons
aux autres mais quand il faut passer à l’acte il n’y a plus
personne! Moi je t’aiderai Djamila et tu partiras vivre ton rêve!
Djamila : Jamais je n’aurais pensé que tu me comprendrais, Nadia,
j’aurais même parié sur ton envie de me dénoncer, quant à toi
ma chère Fatima je pensais au contraire que tu serais de mon
côté…. Je vous écrirais souvent et je vous tiendrais au courant
de nos avancées dans le mouvement des femmes libres.
Rashid : Et alors elle est partie? Et ce « mouvement des femmes libres »
c’est quoi ?
Shéhérazade : Oui elle est partie et elle écrivait beaucoup à ses sœurs,
mais l’aube est là et je crois que le temps de la deuxième
épreuve est arrivé. Rejoins tes compagnons d’arme le
Grand Maharajah ne va pas tarder.
Rachid : Et si j’ai raté la première épreuve?
Shéhérazade : Ne t’inquiète pas, tu es perspicace, je suis sure que tu as
réussi.
Musique et danse….
Scène 6
Le Grand Maharajah : Deuxième jour, les 10 gagnants de l’énigme vont
être amenés dans la grotte du Génie Maléfique,
celui qui dévore les pleutres et les couards les 6
d’entre eux qui ressortiront victorieux auront une
nouvelle épreuve au lever du soleil du prochain
jour.
Rashid : Shéhérazade, j’ai réussi , je suis sélectionné pour la seconde
épreuve, mais à la vérité je suis mort de peur et je vais échouer
face au Génie Maléfique…
Shéhérazade : De quoi as-tu peur? De mourir? Souviens toi, tu dois
mourir de toutes façons, tu sauras ainsi quelle est
réellement la valeur de ton courage, tu n’as rien à perdre,
tout à gagner.
Rashid : Alors Adieu Shéhérazade…. Merci pour toutes ces belles
histoires que tu m’as racontées c’est vrai que je n’ai pas vu le
temps passé.
Shéhérazade : Au revoir Rashid, j’ai confiance en toi je te reverrai
bientôt.
Les gardes du roi emmènent Rashid et les autres participants.
Musique et danse…
Shéhérazade : Allah! Protège Rashid, mon histoire n’est pas terminée,
ce n’est pas encore l’heure…..
Scène 7
Shéhérazade : Qu’Allah soit remercié; tu es sain et sauf ! Comment te
sens-tu ?
Rachid : Je me sens fort et en pleine forme, devant le génie ma peur
s’est évanouie, quand j’attendais devant la grotte je tremblais et
n’arrivais plus à penser, alors j’ai prié pour me donner du
courage et j’ai repensé à tes histoires et j’ai imaginé que le
Génie n’existait pas vraiment et qu’il était sorti d’une de tes
histoires et quand je me suis retrouvé face à lui je l’ai vu tout
petit. Il avait la bouche encore pleine des restes de mes
compagnons qu’il avait dévorés. Je me suis planté devant lui
avec assurance et lui ai dit : Comment pourrais-tu me dévorer
alors que ta bouche est encore pleine, et sais-tu que si tu ne
prends pas la peine de mâcher et de digérer ce que tu viens
d’avaler je vais faire une grosse boule dans ton estomac et tu
mourras dans d’atroces douleurs.
« Je ne mange que les pleutres et tu te permets de me donner
des leçons qui es-tu pour oser me parler de ma mort ? » m’a-t-il
répondu. Et je crois qu’il a peur de la maladie car du coup il
m’a laissé partir en me priant d’emmener avec moi les autres
compagnons qui attendaient leur tour, je crois que mes propos
lui ont donné une sacrée indigestion!
Shéhérazade : Je savais que tu trouverais le courage et que ton
ingéniosité te sauverait!
Rashid : Je voulais connaitre la fin de l’histoire des trois sœurs…. Alors
qu’est-il arrivé à Djamila ?
Shéhérazade : Grâce aux lettres de Djamila, Fatima, aidée de sa sœur,
ont impliqué les femmes dans la gestion du
royaume et convaincu leur père de laisser plus de liberté
aux femmes et de les laisser choisir leur époux.
Rashid : Incroyable!
Shéhérazade : Malheureusement la nouvelle s’est répandue dans les
royaumes environnants et les princes de ces contrées
ayant peur de perdre leur pouvoir ont enfermé et voilé les
femmes pour qu’elles ne puissent pas se regrouper et
mettre en danger l’ordre établi par les hommes…. Les
femmes depuis ce jour ont maudit Fatima et ses sœurs
et pour se venger ont incité leurs princes à faire la guerre
à ce roi trop lâche pour résister aux femmes. Le roi fut
vilipendé en place publique et on lui fit couper la tête par
une femme pour montrer à la population que les femmes
étaient aussi cruelles que les hommes.
Rashid : Je n’y comprends plus rien, je pensais que c’était bien d’avoir
donné des responsabilités aux femmes….
Shéhérazade : Ce qui a amené la guerre et la destruction ce n’est pas
d’avoir donné des droits aux femmes c’est la peur des
hommes de tout ce qui change et qu’ils ont l’impression
de perdre, sans chercher à savoir ce qu’ils pourraient y
gagner.
Rashid : Rien ne peut changer alors!
Shéhérazade : Quand les graines sont semées il finit toujours par sortir
une petite pousse et si quelqu’un de courageux va
l’arroser elle fera un grand arbre qui fera de nouvelles
graines, rien ne sert à rien.
Rashid : Peut-être que le Génie maléfique ne dévorera plus les couards
de peur d’être malade…..
Shéhérazade : Peut-être qui sait ? Tu devrais dormir un peu quand le
jour va venir tu auras la troisième épreuve et c’est une
épreuve d’adresse, si tu ne t’ai pas reposé tu échoueras.
Rachid s’allonge et pose sa tête sur les genoux de Shéhérazade on entend la musique au loin….
Scène 8
Le Grand Maharajah : Jeunes Gens valeureux, je vous félicite d’être là à
l’aube de ce troisième jour d’épreuves et quoi qu’il
en soit de la suite vous êtes déjà parmi les
meilleurs sujets du royaume et je me souviendrais
de vous tous. Maintenant voici l’épreuve
d’adresse : Il s’agit de prouver votre dextérité à
l’épée les deux premiers touchés auront perdu les
4 restants devront écrire un poème pour l’épreuve
de demain.
Préparation des combattants et petit tournoi d’escrime……
Rachid fait partie des gagnants…..
Rashid : Shéhérazade, j’ai gagné! C’est incroyable, jamais je ne m’étais
aussi bien battu, je me sentais léger et sans peur!
Shéhérazade : C’est normal, Rachid, tu n’as rien à perdre, il n’y a que
ceux qui ont à perdre qui connaissent la peur, c’est
pourquoi les peuples qui n’ont rien sont des guerriers
acharnés et vont à la mort le sourire aux lèvres… Je
vais te raconter l’histoire d’Alamut…
Musique…..
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