Scène 9
Shéhérazade : Hassan ibn al-Sabah un riche érudit persan possédait un
immense palais construit comme une forteresse en haut
d’une colline qui avait la forme d’un chameau couché
appelée Alamut. Son palais avait été conçu selon les
descriptions du paradis du Coran, entouré de jardins
merveilleux aux fleurs rares et aux arbres couverts de
fruits délicieux. Des fontaines sculptées coulait une eau claire et vivifiante. Des chants envoutants s’élevaient dans les airs et les parfums les plus subtiles enivraient les promeneurs qui pouvaient se reposer à l’ombre.
Hassan possédait le plus grand harem de toute la Perse
et comptait les plus belles femmes vierges du continent.
Hassan qui avait étudié toutes les religions connues
jusqu’à lors, la philosophie antique et les sciences, avait
compris qu’il est facile de manipuler les êtres faibles et
pauvres. Il recruta une armée de très jeunes gens très
pauvres et sans éducation qu’il n’eut aucun mal à
convaincre de le suivre en leur promettant de les nourrir
à leur faim et de les éduquer. Ce qu’il fit. Il leur apprît à
lire, puis ils étudièrent le Coran, la poésie, les
mathématiques , la stratégie et l’art de la guerre, ils
furent nourris et entrainés comme des athlètes, ils
devinrent les plus vaillants, les plus disciplinés et les
plus habiles des soldats.
Rashid : Quel maître ! J’aurais aimé rencontrer un tel seigneur moi qui
n’ai rien et n’a jamais rien su !
Shéhérazade : C’est-ce que pensaient aussi ces jeunes recrues mais
écoute la suite.
Hassan : Jeunes hommes vous êtes devenus des hommes et de grands
soldats, aussi pour parfaire votre éducation je vais vous
confier le plus grand des secrets, Le Secret ! Par la toute
puissance d’Allah je suis le détenteur unique des clefs du
paradis.
Ali : Oh grand Maître, pardonnes moi de douter de ta parole, mais
comment cela serait il possible, seul Allah détient les clefs du
paradis!
Hassan : En effet te voilà bien hardi d’oser douter de moi, mais ne t’ai-je
pas appris que le doute est en chacun de nous aussi, je
comprends ton questionnement et vais-je te donner la
preuve de ce que j’affirme. Tout ce qui est dans le Coran et les
saintes écritures est réel c’est pourquoi rien n’est permis qui
ne soit dicté par Allah lui-même et si tu remplis une mission
pour moi je t’ouvrirais les portes du paradis pour une nuit et tu
reviendras sur terre au lever du soleil.
Ali : Quelle est ma mission, Grand maître, je brûle de te satisfaire…
Hassan : Vous irez tous si vous remplissez la mission, comme ça
personne ne pourra douter de mon pouvoir ou des saintes
écritures. Comme je suis magnanime, la mission n’est pas très
difficile, il suffira de prouver votre courage et votre résistance,
je vous laisserais dans le désert, à quelques lieues d’ici et
vous devrez rentrer au camp d’entrainement sans eau et sans
boussole avant le coucher du soleil. Vous partirez demain à
l’aube.
Ali : Merci Grand maître, que ta bonté et ta puissance soient vénérée,
qu’Allah te protège.
Hassan : Bien maintenant allez vous restaurer et allez vous coucher, il
faut que vous soyez en forme pour demain, je viendrais vous
chercher au premier rayon du soleil, soyez prêts.
Shéhérazade : Ce qui était dit fut fait. Le lendemain matin les soldats de
Hassan furent laisser en plein désert, sans boussole et
sans eau et les soldats revinrent exténués menés par Ali
aux portes du camp avant le coucher du soleil. Hassan
les accueillit avec de l’eau et une sorte de confiture qu’il
leur donna sous prétexte de leur redonner des forces tant
ils étaient épuisés. Puis il leur dit d’aller se laver et d’aller
se coucher.
Rashid : Et la promesse de Hassan ? Personne ne protesta, même pas
Ali ?
Shéhérazade : Les pauvres soldats étaient bien trop fatigués pour
demander quoi que ce soit , ils avalèrent la confiture
burent des litres d’eau se lavèrent et s’étendirent fourbus.
Mais tu as raison , Ali, sans doute le plus malin et le plus
curieux d’entre eux fit semblant de manger la confiture, il
trouvait bizarre cette pâte qui sentait très fort et qui
piquait la langue, mais il ne dit rien de plus et alla se
coucher comme les autres. Il avait du mal à trouver le
sommeil tandis que ses compagnons dormaient tous à
point fermé.
Au bout de quelques minutes seulement, on vint chercher
les soldats, on les transporta endormis au sein de la
citadelle d’Alamut, qui je te le rappelle était en tout point
semblable au paradis décrit dans le Coran. Ali qui faisait
semblant de dormir observa du coin de l’œil le trajet et se
repéra aux étoiles pour marquer le chemin.
Rashid : donc, si je comprends bien la confiture avait bien quelque
chose de spécial, elle avait plongé les soldats dans un sommeil
profond, de manière à ce qu’ils ne se réveillent pas pendant le
trajet.
Shéhérazade : La confiture n’était autre que de la confiture de haschich,
une plante aux effets hallucinatoires légers et qui sur leur
grosse fatigue les avaient endormis.
Rashid : Que se passa-t-il une fois arrivés au palais ?
Shéhérazade : Les plus jolies femmes du harem réveillèrent les soldats,
dansèrent pour eux et leur offrirent leur virginité. Les
soldats étaient encore embrumés par les effets de la
drogue étaient comme dans un rêve et vécurent les plus
beaux moments d’extase de toute leur vie.
Rashid : Et Ali, que fit-il ?
Shéhérazade : Il joua la comédie jusqu’au bout et profita en toute
conscience de cette merveilleuse nuit qui lui était offerte.
Juste avant le lever du soleil les soldats totalement
épuisés s’endormirent de nouveau et on les ramena au
camp.
Rashid : Et ils ne se rendirent compte de rien ?
Shéhérazade : Non de rien. Plus tard dans la matinée ils se réveillèrent
et Hassan vint les voir.
Hassan : Alors ne vous avais-je pas promis de vous emmener au
paradis une nuit, n’était-ce pas merveilleux ?
Les soldats : Merci maître, nous avons vu et touché le paradis, Allah est
grand et tu es son prophète, commande ! Nous t’obéirons !
Hassan : Ce jour est un grand jour ! Vous savez maintenant que le
paradis existe et que j’en détiens la clef ! Quiconque mourra
pour moi ira directement au paradis pour l’éternité, à présent
vous n’aurez plus peur de mourir si c’est moi qui vous
l’ordonne!
Les soldats : Allah Akbar ! Allah Akbar !
Rashid : Et Ali continuait à faire semblant ? Mais lui il garderait sa peur
quand il serait obligé de mourir pour son maître, tu vois
Shéhérazade c’est terrible des fois la vérité!
Shéhérazade : Ali était malin et ses nouvelles connaissances en matière
de manipulation allait lui servir, bientôt il deviendrait le
conseiller et même l’héritier d’Hassan qui était heureux
de pouvoir partager son secret, car le pouvoir et le secret
enferment dans la solitude…. Le grand secret qu’Hassan
avait découvert au long de tous ses voyages et de ses
études c’est que « Rien n’est vrai et tout est permis »
mais que les hommes ne savent que faire de ces
libertés !!!
Rashid : Shéhérazade, je ne veux plus t’écouter ! Je vais mourir et tu viens
me dire qu’il n’y a pas de paradis pour moi ! Que tout ça c’est
l’invention des hommes pour manipuler les autres ! Qu’est-ce que
je deviens moi dans tout ça ! Et pourquoi devrais-je te croire toi
plutôt que tout ce qui m’a été enseigné jusque là ?
Shéhérazade : Je te raconte une histoire c’est tout ! Si tu veux la croire
c’est ton choix, si tu préfères croire au paradis tu as le droit,
et jamais je ne te dirais que tu as tort. Je ne te dirais pas
non plus ce que je crois.
Rashid : Pourquoi, Je suis perdu, dis moi ce que je dois croire !
Shéhérazade : Surement pas ! Comme tu le dis tu vas mourir et le plus
beau cadeau que tu puisses te faire c’est de retrouver ton
libre arbitre, penser par toi-même, face à la mort tu ne peux
plus tricher et chercher à penser ce qui est bien ou ce qui
t’arrange le plus, cherche dans ton cœur et tu sauras ce que
tu crois et si tu ressens la présence de Dieu en toi ou pas !
Je ne détiens pas la Vérité, j’écoute de belles histoires et j’
invente la mienne !
Rachid : Je suis troublé et ça tourne dans ma tête, ma peur revient et je ne
sais plus quoi penser…. Laisse-moi !
Shéhérazade : Tu n’auras pas le temps d’y réfléchir, le jour se lève et c’est
bientôt l’heure de la quatrième épreuve. Je t’offre ce poème
que tu improviseras en musique et tu toucheras le cœur du
Maharajah et celui de la princesse….
(Les poèmes seront choisis par les élèves)